Gestation

Chaque série de travaux que je réalise correspond à un vécu, qui mijote parfois longtemps, et ressurgit ensuite. Ainsi se crée un monde où l’humain inscrit son empreinte (par sa présence ou par son absence), et où la notion de temps se dilue. Chacun peut y projeter son imaginaire propre. et la suite

L’eau forte : attaque du métal matriciel par de l’acide.
Procédé fastidieux, désuet …
… Il me convient, il est long : 9 mois, de juin à mars …  un enfantement.
…………. L’intimité de mon travail peut-il être dit ?
Appeler ce qui est profond, l’inviter à ressurgir dans un état de « conscience ».

Ce que je peux en dire :

S’imprégner de la technique, de la matière.
Ensuite, varier les paramètres, me fixer de nouveaux espaces d’exploration :
la gravure incite à la réflexion, à la lenteur, participe à une élaboration tout en dialectique,
elle correspond à mon cheminement fondé sur l’intériorité.

Je recherche l’exaltation de la ligne comme le poète doit exalter le mot.
Je recherche l’exaltation de la matière qui soutient cette ligne et en même temps lui confère un espace … comme le poète sait exalter l’espace entre les mots.

première étape : la réalisation de la plaque gravée 

croquis

la feuille de croquis

où s’organisent les lignes,
où s’inscrivent les silhouettes

plaque de cuivre creusée à l’acide 34 x 37 cm

la plaque,
où la matière prend vie 
où l’effleurement du creux devient promesse
… moment intime, réservé à moi seule !

deuxième étape : le tirage

une plaque encrée et essuyée 48,5 x 38 cm

… et l’enfantement a lieu 

tirage en encres bleues

le tirage, aboutissement du travail, révélation :
fixation dans le temps d’une recherche de ligne et de matière qui vise une adéquation,
un lieu sensible et poétique.

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Rappel sur la technique de l’eau forte :

C’est la 1° technique utilisée pour reproduire des images en série : les mots étaient imprimés à l’aide de lettres de plomb (encrage en surface comme les tampons), les images grâce à des plaques de métal gravé (encrage des creux).

Cette technique n’est plus utilisée en édition … l’art s’en empare car, au-delà de la possibilité d’éditer des multiples, les rendus, les matières sont intéressantes, et incitent à l’exploration, à la variation. Toutefois, la mise en œuvre étant laborieuse, cette utilisation reste confidentielle.

Mon attrait pour les lignes et les matières, m’a amenée à développer ma « cuisine » : à la place de procéder par retrait du vernis préalablement appliqué sur toute la plaque, je peins celle-ci directement avec le vernis protecteur, ce qui me permet d’avoir des matières très diverses selon ma touche. Ce vernis est noir et le résultat au tirage sera blanc. Je travaille donc en négatif et en sens inverse (l’image est retournée lors de l’impression). Cela me permet d’obtenir des matières intéressantes en plus des retraits et des nuances d’aquatinte possibles.

Ce travail prend neuf mois par série : gravure en été, à la chaleur et dehors pour ne pas m’intoxiquer.
En hiver, j’effectue les 1° épreuves, rectifications, et les tirages que je réalise moi-même me permettent de jouer sur nuances de couleurs.

Pour en savoir plus sur l’estampe en général : lien vers estampe

Ces œuvres sont directement disponibles sur le site KAZoART : site KAZoART